Abbaye de Vertheuil

L'abbaye

L’église et le logis abbatial forment un ensemble du plus haut intérêt.
L’abbaye fondée certainement avant le XIIème siècle, par Guillaume VIII d’Aquitaine, fut construite sur l’emplacement d’une villa gallo-romaine. 

Elle abritait une importante communauté de l’ordre des Chanoines Réguliers de Saint Augustin, congrégation de La Chancelade, dont dépendait un grand nombre de paroisses du Médoc. Plusieurs fois dévastée durant les guerres de Cent Ans et de Religion, elle fut reconstruite au XVIIIe siècle, puis à nouveau partiellement démolie au XXe siècle. De l’antique abbaye, restent des vestiges d’arcades.
Le bâti est d’une élégance simple et classique, typique du XVIIIe siècle. On peut y voir des boiseries intérieures, d’intéressantes ferrures et deux vastes escaliers. Un élégant perron descend vers le vaste parc à l’anglaise.
L’histoire et les circonstances précises de la fondation de l’abbaye de Vertheuil sont mal connues.
Guillaume VIII d’Aquitaine (1058-1086) en serait le fondateur  mentionné dans une bulle du 4 mai 1179, par laquelle Alexandre III prenait sous sa protection l’abbaye placée sous la règle des chanoines, et confirmait ses droits et ses devoirs.
Une annexe d’un compte rendu des Monuments historiques fait état d’une « charte de Vertheuil », par laquelle Giraldes, fils d’Aefredus, capitaine de Vertheuil aurait confirmé en 1081 une donation faite par son père à l’église du lieu. Guillaume VIII, comte de Poitou aurait ratifié l’acte en « investissant l’abbaye du tout commun  ». L’abbaye devenait alors indépendante.
Un siècle après sa fondation l’étendue des possessions de l’abbaye est considérable, vignes et terres de défrichements.

Le site devient propriété de la commune en 1974, après la malheureuse démolition partielle du logis en 1952.
Le périmètre du site bénéficie d’une protection par inscription sur la liste des Monuments Historiques, tandis que le logis conventuel est en cours de classement.
L’église abbatiale a été classée Monument Historique (MH) depuis 1840 (Liste Mérimée).

 

L’abbaye au 18ème siècle

Les bâtiments claustraux furent plusieurs fois détruits et reconstruits. De l’abbaye médiévale, il ne reste plus que les caves voutées et les trois arcades du grand hall.
La construction actuelle date du XVIIIème siècle.
A l’époque, le plan se composait de deux ailes perpendiculaires.
Le sol fut surélevé de 1,60 m pour échapper à l’humidité.
La salle d’entrée (44 X 8 m) se termine à chaque extrémité par un escalier
Les portes et les ferrures sont de belle qualité.

On accède à la façade orientale par une salle ornée de boiseries XVIIIème siècle.salon vert
La façade orientale (côté jardin) s’ouvre sur une immense terrasse avec perron Louis XV.
Dans le parc et les communs, on trouve :
* un petit moulin à moutarde
* un four à pain
D’importants travaux seront entrepris au XVIIIème siècle :
L’abbaye est reconstruite « dans un goût moderne » nous dit l’abbé Baurein
Les chanoines firent à cet effet démolir les restes de St-Jean de Ségondignac et vendirent la pierre pour financer le monastère. De plus, le prieur dut emprunter 20.000 francs à rentes viagères en 1750. On sait aussi qu’ils démolirent les tours du château pour construire les communs.
En 1753, Vertheuil devient paroisse, et c’est vers cette période que l’on construit une prison, un parc de justice et une chambre pour le prévôt au château de Vertheuil.
En 1788, à la veille de la révolution, il ne reste plus à Vertheuil que trois religieux. L’abbaye est devenue une maison de repos pour les moines âgés ou malades.
Ce qui restait en l’état au moment de la révolution fut anéanti en 1791 par des envoyés du district de Pauillac.
En 1792, l’abbaye fut déclarée « bien National » et achetée par un marchand de biens M. Gaurand
En 1797 elle devint la propriété de Jean Robert Skinner, descendant d’une famille écossaise.
Lorsque R. Skinner acheta l’abbaye, celle-ci ne contenait plus rien sauf les stalles qui sont actuellement dans l’église.

 

LES CHANOINES REGULIERS DE SAINT AUGUSTIN A VERTHEUIL AU XVIIIème constituent une puissante communauté d’une quarantaine de religieux y compris le prieur, les chanoines réguliers et les diacres. Ils ont à leur tête un abbé commendataire qui ne vient que très rarement à VERTHEUIL, mais qui en reçoit les bénéfices…
Ils sont à la tête d’une grande propriété agricole et forestière. La presque totalité du vignoble de VERTHEUIL leur appartient, de même que les terres des marais récemment drainées.
Les principaux abbés qui marqueront le XVIIIe sont des importants ecclésiastiques :
1788: Il reste 3 religieux à Vertheuil.
Ainsi se termine l’histoire des Chanoines Réguliers de Saint Augustin à VERTHEUIL présents depuis 1179.

 

L’ABBAYE AU XXème SIECLE

L’abbaye resta dans la même famille (d’Elbauve, de Kerillis et de Miolis) jusque dans les années 1950.

Le 14 juillet 1940, dans l’abbaye, l’Amiral Calloch de Kérillis, apprenant l’arrivée des Allemands en son abbaye, revêt son grand uniforme. Les Allemands entrent dans l’abbaye, l’amiral les reçoit, il a 84 ans et s’écroule.
La famille de Kérillis est la dernière ayant vécu à l’abbaye.
A la fin de la dernière guerre, l’abbaye fut vendue et c’est à ce moment là que l’aile Nord fut malheureusement abattue. Elle abritait les cuisines voûtées et le réfectoire des moines.
L’abbaye fut sauvée de la destruction totale par l’association « Culture Loisirs » animée par l’abbé d’Havé, curé de Vertheuil qui racheta le bâtiment pour 50.000 francs.
Elle est aujourd’hui propriété de la Commune de Vertheuil.
Mais visitons un peu cette abbaye, ou ce que l’on peut encore en voir.
Entrons par la cour d’Honneur, ancienne Basse Cour, fermée à l’Ouest par un mur qu’un large portail permet de franchir.
Dans l’angle Nord-est un joli puits a dû servir autrefois à alimenter une partie de l’abbaye.
La porte d’entrée, face au portail donne sur un vaste hall de 44 mètres de long sur 8 mètres de large et qui possède à chaque extrémité un escalier, celui de droite a une magnifique rampe de 16 mètres de développement, celui de gauche est plus ancien et plus somptueux que celui qui lui fait face, on y remarque les crosses des pères abbés. A côté de l’escalier Sud on voit trois grandes arcades ogivales qui font partie de l’ancienne abbaye du Moyen-âge. Elles avaient été murées et furent redécouvertes en 1875 lors des travaux effectués par le propriétaire de l’époque, Richard d’Elbauve. C’est là que l’on peut se rendre compte du niveau de l’ancienne abbaye.

Au rez-de-chaussée, il subsiste encore de belles boiseries et des ferronneries Louis XV. Dans la salle du rez-de-chaussée qui était la salle à manger s’ouvre la descente vers le caveau à vins fins des moines et depuis des familles qui les ont suivis. On voit encore dans la cave du fond les marches de l’escalier et les gonds de la porte.
Au premier étage en état de réfection grâce aux subventions reçues par la commune, on trouve encore une pièce en très mauvais état qui se trouve exactement sur la sacristie de l’église.
Autrefois, l’abbaye communiquait avec l’église* pour permettre aux moines d’assister aux offices. Le clocher octogonal est d’ailleurs sur cette partie de l’abbaye, le clocher carré, moins ancien est sur l’église.
Les salles du rez-de-chaussée donnent sur une immense terrasse à l’Est, où, par un escalier Louis XV de 7 marches, on descend sur le parc qui fut planté d’arbres aux essences rares, malheureusement toutes à peu prés disparues. La municipalité de Vertheuil s’efforce petit à petit de replanter ce magnifique parc.
Autrefois, au fond du parc il y avait un vivier, un petit moulin à eau…